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Agrégé de philo, doctorant
Là encore, on a une émergence aléatoire de nouveautés, c'est-à-dire de nouvelles configurations de l'univers qui apparaissent, et ensuite un processus spontané de sélection, au sens où seul ce qui est "approprié" à l'existence stable peut perdurer effectivement.
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February 9, 2025 at 10:35 AM
Les organes sont sélectionnés après leur apparition. Les yeux par ex. ne sont pas faits “pour” voir : les animaux dotés fortuitement d’yeux peuvent plus facilement se conserver, avoir des relations sexuelles (ou passer le “pacte de Vénus”, devrais-je dire) et se reproduire.
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February 9, 2025 at 10:35 AM
On a donc 2 principes qui se retrouvent aussi chez Darwin :
1° l’émergence spontanée, aléatoire, de nouveautés (sans finalité),
2° les vivants qui sont faits d’une manière “appropriée” à la survie et à la reproduction parviennent à survivre et à se reproduire.
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February 9, 2025 at 10:35 AM
La théorie de la sélection naturelle dans l’Antiquité

D’après les atomistes comme Démocrite, Épicure et Lucrèce, les vivants ne sont pas le fruit d’une création divine et intelligente : ils apparaissent par hasard, et ensuite les plus adaptés survivent.
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February 9, 2025 at 10:35 AM
Dès lors, selon lui, le seul mode de penser qui soit cohérent est l’athéisme, et il faut expliquer les phénomènes naturels par des causes naturelles. Il écrit l’article « tremblement de terre » de l’Encyclopédie sans mentionner une seule fois la question de la théodicée.
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January 19, 2025 at 9:16 AM
Cet optimisme de Rousseau est radicalement refusé par un autre philosophe contemporain : d’Holbach. Pour lui, il est indéniable que les séismes et autres catastrophes font des morts injustes quelles que soient nos dispositions, ce qui n’est pas compatible avec l’idée de Dieu.
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January 19, 2025 at 9:16 AM
Rousseau, quant à lui, écrit à Voltaire en 1756 pour lui exprimer son désaccord profond : si Dieu existe, alors Leibniz a raison. Or pour Rousseau, il est absolument impossible de douter de l’existence de Dieu, sans laquelle la vie deviendrait une sorte de cauchemar.
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January 19, 2025 at 9:16 AM
C’est aussi ce qui sous-tend son roman Candide (1758).
Le philosophe Pangloss défend que notre monde est le meilleur possible, mais les personnages du roman vivent toute une série de malheurs.
On accuse parfois Voltaire d’avoir mal compris Leibniz, mais ce n’est pas le cas.
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January 19, 2025 at 9:16 AM
Mais pour Voltaire, après le tremblement de Terre du 1er novembre 1755, il devient impossible d’en rester à cette “humilité”. Il y a au moins 20 000 morts à Lisbonne, une grande partie de la ville est ravagée, y compris les églises, les images pieuses, etc. Pourquoi?
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January 19, 2025 at 9:16 AM
Une autre explication a été proposée par Leibniz (Essais de théodicée) : Dieu, étant infiniment bon et puissant, a créé le meilleur des mondes possibles, mais pour des raisons qui nous échappent souvent, le bien général implique l’existence de maux particuliers.
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January 19, 2025 at 9:16 AM
et au 18ème siècle cela est devenu évident pour les philosophes comme Rousseau et Voltaire. Même en admettant une faute originelle (ce qui pose déjà énormément problème), il est absurde de considérer qu’elle serait expiée par tous les humains par la suite.
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January 19, 2025 at 9:16 AM
et ils ont été punis, ainsi que tous leurs descendants, qui sont devenus pécheurs à leur tour, de sorte que tous les phénomènes naturels qui nous blessent sont des punitions divines justifiées.
Mais cette doctrine du péché originel ne fait pas véritablement sens,
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January 19, 2025 at 9:16 AM
Augustin d’Hippone (354-430) considéra d’abord qu’il fallait poser l’existence de deux Dieux, l’un bon et l’autre mauvais, pour expliquer le monde ; c’est qu’on appelle le manichéisme. Puis il développa la théorie du “péché originel” : les premiers humains ont péché,
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January 19, 2025 at 9:16 AM
Peut-on encore croire en l’existence d’un Dieu infiniment bon et infiniment puissant quand on apprend qu’un tremblement de terre a fait des milliers de morts ? Telle est la question pour Voltaire, Rousseau ou le baron d’Holbach après le grand séisme de 1755.
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January 19, 2025 at 9:16 AM
Lévi-Strauss fait alors un lien entre le potlatch et les fêtes de Noël aux Etats-Unis. "Même dans notre société, la destruction de richesses est un moyen de prestige", dit-il. Le phénomène des échanges de cadeaux échappe difficilement à ces aspects obscurs.
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December 22, 2024 at 10:44 AM
Dans plusieurs sociétés, les échanges de cadeaux prennent la forme d’une lutte, et le perdant de cette lutte peut parfois perdre ses titres, voire sa liberté, voire sa vie. C’est le cas notamment dans le “potlatch”, pratiqué sur la côte Nord-Ouest de l’Amérique du Nord.
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December 22, 2024 at 10:44 AM
La thèse centrale de Lévi-Strauss est la suivante: les systèmes qui prescrivent le mariage avec un certain type de parents (ils sont extrêmement nombreux) sont des systèmes d’ “échanges”, par lesquels est instaurée une “alliance” entre les unités constitutives du groupe.
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December 22, 2024 at 10:44 AM
Pour sortir de ce climat hostile, il faut des échanges de cadeaux d'abord, puis un échange d’une autre nature, qui constitue l’objet essentiel du livre de Lévi-Strauss : le passage “de l'angoisse à la confiance, de la peur à l'amitié”, se fait par des intermariages.
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December 22, 2024 at 10:44 AM
Lévi-Strauss se sert de cette analyse pour expliquer l’importance fondamentale des institutions relatives au don dans les sociétés sans Etat. Quand il n’existe aucune garantie sur le comportement des inconnus, l’hostilité est la tonalité fondamentale qui s’impose ;
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December 22, 2024 at 10:44 AM
De façon très surprenante, Lévi-Strauss met cela en relation avec une scène qu’il dit avoir vue souvent dans des petits restaurants du midi de la France : deux étrangers contraints de manger à la même table finissent par sympathiser en partageant leur petite bouteille de vin.
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December 22, 2024 at 10:44 AM
(petite digression: Un élève de Lévi-Strauss, Pierre Clastres, a remarqué que cela valait parfois même des produits de première nécessité : chez les Guayaki, on ne peut pas manger l’animal qu’on a chassé soi-même, ce qui implique un fort sentiment d’interdépendance.)
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December 22, 2024 at 10:44 AM
Lévi-Strauss remarque aussi que, dans la plupart des sociétés, il y a certains biens que l’on considère comme étant “normalement” acquis par le don (par ex. les fleurs), voire des choses que l’on considère comme ne pouvant pas être achetées par quelqu’un pour soi-même.
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December 22, 2024 at 10:44 AM
Dans son Essai sur le don, Marcel Mauss a souligné le fait que dans de nombreuses sociétés ont lieu de grandes fêtes, considérées comme des moments très importants, qui sont (entre autres) des occasions pour échanger des cadeaux.
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December 22, 2024 at 10:44 AM
Marcel Mauss et Claude Lévi-Strauss ont étudié les échanges de cadeaux qui rythment de fait la vie humaine dans la plupart des sociétés. Les fêtes de Noël en sont un exemple éminent. Pourquoi ces dons et contre-dons ? Quels sens ou quelles fonctions ont-ils ?
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December 22, 2024 at 10:44 AM
L’inventeur de cette disposition d’esprit théoricienne, ou du moins son premier grand représentant, c’est Socrate, selon Nietzsche.
Socrate est aussi pour cette raison le principal fossoyeur de la tragédie antique.
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December 14, 2024 at 1:12 PM