Alors même que les réflexions scientifiques sur la façon dont on peut étudier le progrès technique incitent plutôt à ne pas séparer la théorie de la pratique, à ne pas considérer qu'il y a un d'un côté le monde évanescent des idées et de l'autre leur mise en application matérielle.

Sans doute fatigués de bouger vite pour contourner les régulations, ou de donner le change en adoptant des postures progressistes, les milliardaires de la tech ont désormais accumulé assez de pouvoir pour se contenter de casser les choses qui leurs déplaisent.

Constatant les aspects négatifs de la disruption du marché locatif, de la livraison de nourriture ou de notre vie privée, nous avons compris que "bouger vite" signifiait "court-circuiter l’état" et donc toute délibération démocratique quant à l’évolution souhaitable des nouvelles technologies.

Ce que fait Musk avec le DOGE me rappelle une vieille devise en vigueur chez Facebook : Move fast and break things. Célébration de la faculté des entreprises tech à "bouger vite" pour disrupter des marchés, cette expression a été abandonnée à mesures que les "choses cassées" s’accumulaient.

3/ Les actions du DOGE sont-elles légales ? Non, elles sont même vraisemblablement contraires à la constitution. Mais les décisions judiciaires à ce sujet seront in fine tranchées par une cour suprême largement acquise à Donald Trump.

La légitimité de ces accès est questionnée par la justice, et certains ont déjà été revus (accès en lecture uniquement par exemple), mais ces décisions prennent du temps et DOGE pourrait dans l’intervalle causer des dommages irréparables.

2/ Quid des données confidentielles ? DOGE et Musk ont accès à une quantité invraisemblable de données, dont la majorité sont très sensibles (numéros de sécurités sociales, données de santé, informations bancaires…).

Cela déterminera le véritable caractère du DOGE : le jouet d’un milliardaire que personne n’a élu, ou une agence officielle contrainte par des règlements.

Et surtout, si Musk refuse d’être officiellement le chef, c’est vraisemblablement pour éviter d’avoir à assumer toute responsabilité.

1 / Qui dirige cette agence ? Après des semaines de flou, la maison blanche vient de d’indiquer qu’Amy Gleason est l’administratrice du DOGE, et prétend même que cela a toujours été le cas. La question peut sembler oiseuse, après tout quelle différence si Musk est officiellement ou non le chef ?

Comment le fait du prince peuvent-ils si rapidement prévaloir sur la rationalité et l’Etat de droit ? C’est ce que se demande Amber Philipps (@washingtonpost.com) quand elle s’interroge sur la légitimité des actions du DOGE dans son « 5-minute fix » du 27 février, autour de 3 questions précises.

Sa suppression révèle donc les véritables ambitions du DOGE : affaiblir l’administration publique et mener une purge politique.

La suppression du 18F n’est pas un acte de rationalisation des services public, mais un pur acte de cruauté envers un groupe de personnes identifié comme woke.

Sur le papier, 18F poursuit les mêmes objectifs que DOGE : faire faire des économies au contribuable en optimisant le fonctionnement de la bureaucratie américaine.

Hélas, 18F était également connue pour la diversité affichée de ses équipes et son positionnement ouvertement progressiste.

Dans sa Newsletter du 03 mars 2025, @bcmerchant.bsky.social revient sur la fermeture par Elon Musk et son agence DOGE de l’agence 18F, qui travaillait à l’amélioration numérique des services publics américains.