Non, pas dans cet article, juste les faits et interprétations présentés dans When Prophecy Fails (Festinger et al., 1954)

Enfin, les documents consultés montrent que les auteurs étaient au courant de tout cela, et qu’ils ont donc choisi de ne pas inclure ces « détails » dans leur livre. Ce qui fait du document fondateur de la dissonance cognitive une fraude scientifique. FIN

Puis, le groupe, suivant l’échec de la prophétie, est pour l’essentiel passé à autre chose, ce qui contredit la thèse d’une rationalisation coûte que coûte de la croyance infirmée (en d’autres termes, il n’y a pas eu de nécessité de réduire un quelconque sentiment de dissonance)… 12/

Ensuite, il apparaît que l’activité prosélyte était aussi intense, si ce n’est plus, avant l’échec de la prophétie qu’après. Ce qui contredit l’hypothèse centrale. 11/

Dans ce nouvel article on apprend tout de même du nouveau. D’abord le nom des collaborateurs infiltrés de Festinger et al., à ma connaissance pour la première fois. Aussi le rôle exact de Henry Riecken, qui a littéralement joué les gourous dans le groupe et délibérément orienté les « résultats » 10/

-Maintenant, sur le plan théorique, on trouvait déjà en 1958 cette recension amusante, qui concluait que c’est surtout Festinger et ses collègues qui se sont acharnés à justifier leur prophétie (ratée) d’une dissonance cognitive… 9/

- À cet égard je note les problèmes éthiques de l’étude, qui dépassent de loin la seule duplicité des chercheurs, mais impliquent leur intrusion dans le quotidien de nombreuses personnes (y compris des étudiants, des enfants, la police, les services sociaux, la presse et tout un voisinage) 8/

- Et évidemment le caractère tout de même assez flou de la théorie de la dissonance cognitive pour rendre compte des phénomènes riches et complexes qui entourent cette histoire 7/

- Le désintérêt total pour le mari de la gourou du groupe, qui est présent tout au long de l’histoire mais dont (à ce jour encore) on ne sait absolument rien 6/

- Le peu de cas que faisaient les auteurs du caractère éminemment improvisé, syncrétique et dynamique des « croyances » de la secte en question (qui explique aisément qu’une prophétie puisse « échouer » sans que cela ne pose de problème) 5/

- Le caractère peu convaincant d’un regain de prosélytisme après l’échec, et la non-réplicabilité de ce résultat dans de nombreuses autres sectes prophétiques (les études du même genre sont en fait étonnamment nombreuses) 4/

- La confusion constante entre prédiction et prophétie (et le fait que le livre contient au moins 5 autres prophéties « ratées » et n’en discute quasiment pas, alors que ça indique un pattern révélateur de la secte en question) 3/

J’y signalais déjà, cependant, les limites (rédhibitoires) de ce grand classique, à savoir:
- La pollution des « résultats » par la présence envahissante et l’action déterminante des « observateurs » 2/

On peut se baser sur des « clusters »de différents critères, impliquant des mesures distinctes, dans l’espoir d’isoler la vraie croyance de ses avatars (cf lien). Mais c’est pas gagné. Mon indice préféré est la surprise, mais ça ne marche que pour les croyances fausses.

Une croyance peut être vue, entre autres approches, comme une disposition qui favorise certaines actions (de même que les habitudes, préférences, engagements, etc). Mais ça ne veut pas dire que les actions en question indiquent la présence d’une telle croyance.