En ce sens, l'extrapolation à 25% d'une candidature socdem en parallèle d'une sous-estimation à 15% de la candidature de gauche radicale ne repose que sur l'addition de segments sans tenir compte des logiques normatives du vote et des potentiels de mobilisation relatifs aux dynamiques ci-dessus.

plus exposées à la dépolitisation.

Il s'agit d'un rapport individualisé à la politique et d'une participation moins conventionnelle, plus abstentionniste, éloigné de l'adhésion aux organisations, mais actif dans les mouvements sociaux.

L’abstention systématique reste particulièrement élevée dans les quartiers populaires et les territoires d’outre-mer, soit des territoires dans lesquels la gauche radicale dispose de marges de progression importantes. Le processus de politisation des nouvelles générations diffère des précédentes,

74% des moins de 30 ans ont voté au moins une fois à la présidentielle, contre 35% aux législatives;
30% d’abstention systématique chez les inscrits non-diplômés, contre 10% chez les diplômés du supérieur.

Les abstentionnistes inscrits sont plutôt très jeunes ou très âgés, inactifs ou ouvriers et disposant d'un faible capital scolaire, ainsi que d'un niveau de vie inférieur.

En 2022, 16% d'abstention systématique, contre 36% de participation systématique et 48% de participation intermittente.

Les élections législatives mobilisent sensiblement moins que la présidentielle puisque 85% des inscrits ont voté au moins une fois à la présidentielle contre 58% aux législatives.

Lors de l’élection présidentielle et des législatives de 2017
14 % d'abstention systématique
86 % de participation à au moins un des quatre tours
35% de participation systématique
51 % de participation intermittente
20% de participation exclusive aux deux tours de la présidentielle

Je pense que l'idée d'un second tour FI-RN n'est pas ingagnable par défaut, et que cette idée relève plus de la prophétie autoréalisatrice que d'une projection probable puisque cela ne tient pas compte du renouvellement générationnel et du potentiel de mobilisation propre aux électorats populaires.

Ensuite, concernant les projections de scores, je ne sais pas sur quelles données vous vous basez pour extrapoler une candidature soc-dem à 25%, si ce n'est un sondage de novembre... Cela me semble capillotracté au regard des dynamiques actuelles.

Il faut également tenir compte du renforcement de la corrélation entre variables socioéconomiques et socioculturelles dans le vote. Les logiques d’alignement et de dissonance entre valeurs et choix électoraux sont centrales.

Votre hypothèse repose donc sur une perspective rational choice sans modification de l'offre, alors que mon hypothèse repose sur une perspective dispositionnaliste postulant un alignement nécessaire.

À cet effet, en tenant compte de cette dynamique et de la distribution des voix du bloc central dans la configuration des législatives 2024 en cas de second tour gauche >< extrême-droite, les marges de progression sont limitées, d'autant plus sans alignement au moins partiel sur la demande concernée

sur le renouvellement générationnel.

Cependant, si on observe les dynamiques au sein des électorats de droite par clustering selon les valeurs, il y'a droitisation, notamment par transferts de voix du bloc macroniste vers le RN, soit la conséquence des politiques et du discours macronistes.

Précisément, je parle de la droitisation de l'offre, pas de la demande. Cela ne concerne donc pas la dynamique générale de plus grande tolérance et de demande de redistribution au sein de la société. Tout dépend de ce que vous avez lu de Vincent Tiberj, entre autres, puisque ses travaux insistent

afin de capter suffisamment de voix au sein de l'espace centre-droit-droite pour atteindre le second tour, et ensuite l'emporter. Votre hypothèse implique donc qu'il ne sera pas nécessaire d'effectuer un alignement au moins partiel sur les dispositions conservatrices des segments concernés.

D'accord, je comprends mieux votre position. Cela manquait justement d'éléments pour situer exactement votre prospective, je vais pouvoir vous répondre.

Vous partez donc du principe qu'il ne sera pas nécessaire pour la candidature soc-dem de droitiser son discours ou ses propositions

En l'occurrence, il est tout à fait possible de comparer les effets de la socialisation politique et des systèmes de valeurs sur l'offre et la demande électorales dans des contextes nationaux et modes de scrutin différents, bien que ceux-ci aient des effets propres sur la structure des clivages.