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· Sep 26
Luxemburg Maxime Ossipov
Des nouvelles des atrocités, absurdités, menues résistances et grandes obstinations à continuer, d’une Russie contemporaine dont admirablement on entend les accents, l’humour, la cruauté et la tendresse, l’antisémitisme et les deuils, le quotidien comme avec lui on compose. Plein d’empathie, d’amusement, de lutte contre le désenchantement, le regard du médecin qu’est Maxime Ossipov, nous rapporte – entre fiction et témoignage, dialogues et narrations – quelque chose comme le réel le plus contondant. De la vie d’un hôpital, à la profanation d’une tombe, de la vie d’un chauffeur de taxi à celles du monde académique, Luxemburg conte la banalité de l’oppression.
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· Sep 25
Conversations entre amis Sally Rooney
L’exactitude et la lutte, pas seulement de classes, des sentiments ; dans les déchirements familiaux, amoureux et amicaux continuer à se demander comment on se parle, comment on continue à inventer l’intelligence du monde. Avec un art certain du dialogue, de l’évocation physique de nos effleurements et sexualités, Sally Rooney nous décrit l’attraction et l’amour, la jalousie, entre Frances, Bobbi, Nick et Melissa et nous peint ainsi une jeunesse qui dans la réflexion, la politique, la littérature, le débat se construit, se déchire. Conversations entre amis est un beau roman sur notre ardeur à exister, sur la contondante complexité de notre appréhension de ce qui nous entoure.
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· Sep 24
La petite zone avec de la lumière Sébastien Ménestrier
Lumineux, fragile, retour à la vie par l’écoute des autres, dans l’acceptation de la réciprocité de ce soutien, dans cette écriture surtout où l’on entend une immense, douloureuse, disponibilité. Il faudrait avoir recours à des adjectifs par trop galvaudés pour saluer la discrète pudeur, la musicale délicatesse, l’évidence limpidité elliptique de la prose de Sébastien Ménestrier. Sur une intrigue ténue, un homme reprend pieds, se remet à écrire, à s’occuper d’enfant, à participer à la colère opprimée de nos sociétés éborgnées, La petite zone avec de la lumière est enchantement mineur, découverte de la prosaïque beauté de persévérer, d’être enfin au monde.
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· Sep 23
DJ Bambi Auđur Ava Όlafasdóttir
Les attentes de l’identité ou comment s’inventer un corps qui, moins mal, réponde à nos aspirations de genre. Dans une prose rafraîchissante, d’un optimisme presque béat, ne fût-ce les silences et autres ombres destructrices, Auđur Ava Όlafasdóttir raconte les errances et inquiétudes de Logn dans l’expectative de son opération, dans ses espoirs et le récit des dissimulations, mensonges et arrangements de cette transidentité. Sans être entièrement captivé, on entend le charme poétique de Dj Bambi, selon l’expression consacrée : l’intimité d’une humanité mise à nu pour la réduire à un efficient optimisme. Au-delà de sa belle attention à l’ordinaire, on perçoit aussi sa construction et les interrogations suscitées par les encombrants stéréotypes féminins.
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· Sep 22
Au fond des années passées Jens Christian Grøndahl
Évocation mélancolique du passé quand, amoureusement, il ressurgit, quand, maladivement, il révèle nos démissions, nos incompréhensions. Avec une vraie délicatesse, une sensibilité in fine à l’écoute, Au fond des années passées parvient ainsi moins à saisir deux époques – les années 8O et leur engagement ; les années 2020 et leurs nécessaires interrogations sur le consentement – qu’à peindre les sentiments éperdus, tendres comme l’apprentissage de la compréhension, d’un homme encore et toujours en quête de lui-même. Un brin nostalgique hélas, un rien vieillissant dans une sagesse désabusée et distanciée, Au fond des années passées a le charme, la doucereuse précision, des souvenirs embarrassés.
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· Sep 19
Détruire tout Bernard Bourrit
Démontage des structures, de leurs aliénations, des normatives conceptions de la lutte des classes, du couple, du travail qui conduisent non tant à un féminicide qu’à un désir de destruction, totale. Dans une langue toute de cassure – brisure syntaxique et détournement en suspension de ses attendus et clichés – Bernard Bourrit déconstruit un fait d’hiver comme pour mieux en interroger ce que l’on peut en savoir, ce que cela révèle d’une société, de ses normes et diktats et de nos impossibilités, fût-ce par la littérature, à s’y soustraire. Dans sa reconstitution sans complaisance de la Suisse des années 60, dans son attention aux dominations, à leur désespoir de comportements incorporés sans échappatoire, Détruire tout ausculte l’intime violence de toute société, la douloureuse incapacité à, peut-être, autrement la contester que dans la destruction aveugle.
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· Sep 18
Bricolage[s] Camille Révol
Calligraphie et montage, journal du dimanche de la vie et enroulement de dialogue cinématographique – quelque part entre Duras et Godard -, de souvenirs et de rêveries, d’associations sonores et graphiques afin de pratiquement réfléchir à ce qu’est, dans ses anamorphoses, l’écriture. Un livre curieux, désinvolte, travaillant habilement la digression et la reprise, la répétition et la variation dont, parfois, on se demande où il va, que l’on peut aussi trouver un peu daté, mais dont la fragilité même fait le charme, comme si son inutilité ouvrait un point d’accès à la vanité de nos vies. On suit avec intérêt, avec amusement, les intermittences de Camille Révol, les manières dont ses Bricolage[s] font entendre la pluralité des voix qui nous constitue.
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· Sep 17
La colonie Annika Norlin
Peut-on autrement faire société, si nous n’y parvenons que dans un retrait sectaire, que cela nous apprend-il ? Une jeune fille paumée, sans partage soumise aux aliénations citadines découvre un groupe d’hommes et de femmes vivant dans l’entente, la reconnaissance, avant que l’on en entende dérives et dangers. La colonie fait entendre le magnétisme, la sidération, de ce mode de vie puis les failles et sentiments de solitudes qui joignent les participants de ce qui jour après jour, s’invente comme défensive folie collective. Dans cet ample roman Annika Norlin met habilement en scène les contraintes et dominations de nos rapports aux autres, leurs mécanismes d’exclusion autant que l’étrange attrait, refus, qui nous fait nous y soumettre.
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· Sep 16
Les incommensurables Raphaela Edelbauer
Le recours au rêve collectif à la veille du cauchemar. Dans son fantastique onirique, son évocation presque déjà expressionniste en ses hallucinations sous héroïne, dans la précision de ses descriptions architecturales et historiques, Raphaela Edelbauer donne un portrait enlevé de Vienne en 1914, de cette folie collective nommée Histoire dont on entend dans ce roman qui se confronte à l’irrationalité des masses. Mêlant assez habilement les mathématiques, le freudisme, l’inconscient et le réalisme, la candide camaraderie d’un jeune palefrenier qui partage, avant qu’elles ne soient exprimées, les perceptions d’autrui et les picaresques aventures rocambolesque qu’avec enthousiasme il rencontrera, Les incommensurables est un récit ardent où se révèlent les paniques d’une époque, le début de ses manipulations.
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· Sep 15
Implosion Laurence Florisca Rivard
La découverte, par son entourage, des viols d’un homme ; les réactions et aveuglements face à cette disgrâce heureusement très contemporaine. Même si on peut regretter que Laurence Florisca Rivard traite ce problème dans un style sans éclat, dans un déprimant réalisme, elle interroge indirectement nos responsabilités collectives, tout ce que l’on n’a pas pu voir, explore la fabrique d’un salaud ordinaire, la culpabilité maternelle et, en creux, l’absence de remise en cause personnelle. Polyphonique, mais tournant toujours autour de personnages englués dans la vacuité quotidienne, Implosion reste un roman à thèse relativement nuancé.
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· Sep 12
Vint le grand récit Michaël Glück
Les survies d’une parole oraculaire, en charge des mémoires d’un monde effondré, de ses mythes et prophéties, de ses résistances et obstinées subsistances quelque part dans un quartier périphérique, dans l’effacement de lieux populaires, de tours d’immeubles, des habitants hantés toujours par le dur désir de dire. Long poème narratif, composition musicale de revenances de voix, confusion et rémanences de nocturnes présences, Vint le grand récit capture l’humilité de nos vies, la beauté de ce qui en persiste. Au-delà du désastre, Michaël Glück non tant une dystopie que ce que, par la langue, la rencontre, y échappe : dans les différents mouvements de ce texte, s’entend l’espoir, l’absence, de ce grand récit où se relier, où continuer à inventer nos émerveillements, à faire entendre leurs inquiétudes.
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