Alain Goulagueur
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severnyveter.bsky.social
Alain Goulagueur
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Solar Communist / Raider of the Lost Marx(s) (posts mainly in French)
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Un thread de citations de Marx tirées des Théories sur la plus-value :

1. "Bonjour Karl, comment ça va ton assimilation de Darwin ?

...Bon ok, je te laisse tranquille"
Par ailleurs il serait temps aussi d'arrêter de croire que la rente féodale était fondée sur la pure coercition et la violence unilatérale (idée conçue pour dissimuler les rapports de pouvoir asymétriques du capitalisme). Ce qui a changé c'est que la dépendance n'est plus personnelle mais de classe
J'ai l'impression que le débat sur le technoféodalisme et la rente numérique n'avancera pas tant qu'on n'aura pas compris que louer des machines et des infrastructures techniques n'est pas l'exception mais la norme dans l'histoire du capitalisme.
Les technocritiques : "l'IAg ça n'existe pas vraiment, ça n'a aucun impact sur la société et ça va disparaître après l'éclatement de la bulle"

Toujours les technocritiques :
Saito qui cite Camatte, ça l'était encore moins
(Il semble s'être définitivement remis de sa phase trumpiste en tout cas)
Who critiques the technocritiques ?
Je salue néanmoins le choix de publier un tel livre pour introduire le public francophone et plus particulièrement le public marxiste à la réflexion politique sur le JV. Comme le dit @alicedech.bsky.social, ce serait en effet bien que les marxistes étudient davantage l'art populaire de leur temps...
Maintenant, il y a évidemment beaucoup d'aspects et de pratiques intéressantes dans le JV qui ne se trouvent pas vraiment analysés dans le livre en raison de sa visée générale (je pense par exemple au speedrun comme prolongement de la réappropriation de la technologie par la culture hacker)...
Un point très important qui émerge de l'enquête est la difficulté persistante du management capitaliste à contrôler les développeurs. Comment dominer en effet un procès de travail "créatif" qui, par essence, doit produire sans cesse du nouveau, avec tous les imprévus et les aléas que cela implique ?
L'originalité de Woodcock à cet égard est de montrer que dans un tel contexte de secret imposé l'enquête ouvrière sur les conditions de travail peut devenir un moyen non seulement de dénonciation de la situation aux yeux du public, mais très directement aussi d'organisation des travailleurs-es.
Ce militarisme se répercute sur la production même des jeux vidéo, notamment par la prolifération de clauses de confidentialité qui empêchent les travailleurs-es de dévoiler quoi que ce soit sur les projets sur lesquels on travaille, donc aussi de partager leur vécu avec ses propres collègues.
Le côté viriliste du JV n'est pas dû au hasard : comme le montre Woodcock, il y a des liens très directs entre les simulations de scénarios de guerre nucléaire par le complexe militaro-industriel américain et la simulation vidéoludique, d'où le penchant belliciste de beaucoup de titres grand public.
Le livre parvient à toucher à peu près tous les aspects essentiels du phénomène vidéoludique, comme sa particularité en tant qu'art "interactif", son histoire inscrite dans la sous-culture hacker de la guerre froide, et évidemment le sexisme du milieu du JV et son lien avec l'alt-right.
Ce texte de Woodcock qui vient de paraître chez Sans soleil semble être à la fois une bonne introduction générale au domaine des jeux vidéo pour celles/ceux qui ne s'y connaissent pas trop et une invitation à la réflexion marxiste sur une industrie culturelle gigantesque mais encore un peu négligée.
Saito qui publie une critique du technoféodalisme, c'était pas vraiment dans mon bingo
Pétition pour faire entrer les livres dont vous êtes les héros dans l'Histoire de la littérature avec un grand H
Reposted by Alain Goulagueur
En librairie le 17 octobre !
Consoles, Contrôle, Classe
Jamie Woodcock
Trad. Julien Guazzini
Préface de François-Xavier Hutteau
240 pages
19 euros
Et pour une critique décisive de la théorie moorienne de l'appropriation capitaliste de la nature, je conseille vivement le dernier livre d'Alyssa Battistoni, qui défend au contraire l'idée d'un désengagement radical (au sens de la déresponsabilisation) du capital vis-à-vis de la nature :
Dans l'ensemble, en lisant Moore on est confronté à un type de pensée dont la cohérence conceptuelle et méthodologique permet de clarifier de manière indirecte beaucoup de débats, et ce même si on n'est pas d'accord avec ce que dit l'auteur.
L'idée optimiste implicite selon laquelle le capitalisme finira par s'effondrer sans entraîner l'ensemble de l'humanité avec lui semble finalement assez discutable. En tout cas ça ne l'aide sûrement pas à se faire des amis parmi les écolos...
Il est important de souligner que Moore n'a pas seulement une théorie de l'histoire passée du capitalisme, mais aussi de son avenir, ou plus précisément de son effondrement imminent à cause de la baisse du "surplus écologique" (il s'agit là de sa propre réinterprétation de Luxemburg et Wallerstein).
D'autre part, ses reconstructions historiques de l'évolution du capitalisme et de l'agriculture aux XXe et XXIe siècles sont détaillées, passionnantes et assez convaincantes dans l'absolu. C'est beaucoup mieux en tout cas que les centaines de pages sur l'opposition entre nature et société...
Les innovations conceptuelles ("nature sociale abstraite") qu'il est obligé d'introduire pour essayer d'étendre la loi capitaliste de la valeur jusqu'à cette époque finissent par démontrer malgré lui toute la distance qui sépare ces sociétés du capitalisme impérialiste et mondialisé du XXe siècle.
Comme la plupart des auteur-e-s de ce courant, il est très convaincant quand il parle du XXe siècle, mais beaucoup moins quand il veut projeter cela sur des époques plus reculées comme la Renaissance, qu'il présente souvent comme un capitalisme pleinement achevé sur le modèle de Braudel.